Neuf générations se sont déjà succédé au Moulin des Moines. Bâti sur le site du moulin du XIII^e siècle fondé par les moines cisterciens – reconnus pour leur savoir-faire en matière de culture de céréales –, le moulin familial, qui complète une activité agricole, est repris en 1970 par Huguette et Édouard Meckert. Ils lui donneront toute sa notoriété en le convertissant au bio. Pionnier en la matière, le Moulin des Moines n’a fait que s’enrichir, au point de devenir un acteur majeur de la profession, toujours en avance sur son temps.

Comment prend-on la décision en 1970 de se lancer dans le bio ?

En 1970, nous étions un peu fous. Aujourd’hui, nous dirions visionnaires. La profession n’était pas organisée, il n’y avait même pas de label bio à l’époque ! Nous avons travaillé avec une forte volonté, celle de proposer des produits sains, sans traitements chimiques, pour construire notre gamme tout en apprenant ce que devait être un bon produit bio.

Cette définition n’a pas changé pour nous. Un produit bio doit être simple, sans trop de transformation, savoureux… et surtout bon pour la santé.

À partir des farines, votre gamme s’est considérablement développée ?

Nous sommes effectivement d’abord meuniers, nous produisons de la farine exclusivement bio. Nous nous sommes ensuite équipés pour agrandir notre gamme, en produisant notamment des galettes de céréales soufflées et des pâtes. Puis nous avons saisi l’occasion de reprendre des sociétés implantées dans notre région, en Alsace : nous avons progressivement acquis des biscuiteries sucrées et salées, des chocolateries, une source d’eau minérale et, plus récemment, un fabricant de jus. L’ensemble reste géré par la famille Meckert et nous sommes fiers d’avoir trois générations qui travaillent et dirigent maintenant dans ces entreprises.

Une belle aventure bio qui a forcément des dates clés ?

Notre engagement en 1970, bien sûr, qui a notamment été validé en 1985 par la création du logo AB. En 1996, un incendie a anéanti le moulin qui a rapidement été reconstruit. Plus tard, les écrits de Hildegarde von Bingen nous ont fait découvrir les vertus de l’épeautre et du petit épeautre ; nous avons alors été les premiers à développer des produits avec ces céréales et nous avons même relancé les filières de culture avec nos agriculteurs partenaires.

L’engouement du public, le développement du marché bio et le succès de nos produits nous ont fait prendre un nouveau pari en 2012, celui de construire un nouveau moulin à la pointe de la technologie : entièrement assisté par ordinateur, équipé d’un trieur optique qui contrôle chaque grain jusqu’à la mouture sur cylindres ou meules de pierre avec une garantie optimale de l’hygiène. Une installation photovoltaïque est venue compléter cet ouvrage pour produire plus d’électricité que celle nécessaire à notre consommation.

… et à l’été 2022, une nouvelle catastrophe ?

Oui, dans la nuit du 5 août 2022, le Moulin des Moines a été complètement détruit par un incendie. Plus de cinquante années de travail, 16 000 m² d’ateliers de fabrication et de stockage ont été anéantis en une nuit. Seul le nouveau moulin a été épargné grâce à sa structure en béton.

Quelle est aujourd’hui la position du Moulin des Moines ?

Dès le lundi qui a suivi ce drame, nous avons tout mis en œuvre avec l’ensemble des salariés pour nous réorganiser dans les locaux de notre chocolaterie qui a été épargnée, ainsi que sur d’autres sites. Nous saisissons cette catastrophe comme une occasion de réinventer le Moulin des Moines.

Les plans de la nouvelle infrastructure comme les commandes de nouvelles lignes de production et de conditionnement sont en cours avec, bien entendu, une échéance à plusieurs mois. Faire preuve de résilience est évidemment nécessaire pour continuer dans les conditions actuelles de travail, mais chaque jour est un jour de conquête qui nous motive.

Nous avons également la chance d’avoir une clientèle fidèle depuis plusieurs années, qui connaît la qualité de notre travail et de nos produits et qui nous encourage au quotidien !