enquête : moins cher, plus sucré ?
Conserves de petit pois, pain de mie, cordon bleu, pesto, pizza, guacamole, mayonnaise, ou encore biscottes : foodwatch a comparé la quantité de sucre en fonction du prix de plus de 400 produits dans 12 catégories alimentaires dans lesquelles on ne devrait pas s’attendre à trouver du sucre ajouté. Le constat est aberrant : c’est parmi les produits les moins chers qu’on trouve en moyenne les plus sucrés, majoritairement des marques distributeurs. À l’inverse, pour les produits contenant en moyenne moins sucre, il vous faudra choisir parmi les plus chers.
Quand on regarde les produits les moins chers en supermarché, 99 % sont des produits de marques distributeurs. Foodwatch cible donc E. Leclerc, Auchan, Carrefour, Coopérative U et Intermarché, acteurs majoritaires du secteur avec une pétition les appelant à un changement radical de leur offre.
Ainsi, par exemple :
– les 5 conserves de petits pois les moins chères contiennent en moyenne 43 % de sucre en plus que les 5 conserves de petits pois les plus chères (soit près de 1,5 fois la quantité de sucre des 5 produits les plus chers) ;
– les 5 pots de mayonnaise les moins chers contiennent en moyenne 417 % de sucre en plus que les 5 pots de mayonnaise les plus chers (soit plus de 4 fois la quantité de sucre des 5 produits les plus chers) ;
– les 5 paquets de biscottes les moins chers contiennent en moyenne 24 % de sucre en plus (près d’un quart) que les 5 paquets de biscottes les plus chers ;
– les 5 pots de guacamole les moins chers contiennent en moyenne 127 % de sucre en plus que les 5 pots de guacamole les plus chers, (soit plus de 2 fois la quantité de sucre des 5 produits les plus chers).
« Avec leurs marques distributeurs, Carrefour, Auchan, E. Leclerc, Intermarché et Coopérative U ne laissent pas d’autre choix aux personnes qui ont un budget contraint que d’acheter des produits trop sucrés. C’est insupportable : les produits plus sains doivent être abordables pour toutes et tous », dénonce Audrey Morice, chargée de campagnes chez foodwatch.
Alors que dans leur communication, les géants de la grande distribution s’affichent comme les soi-disant « alliés » du pouvoir d’achat des consommateurs et consommatrices, ils créent en fait de toutes pièces un marché à deux vitesses où seul·es celles et ceux qui ont les moyens peuvent accéder à des produits plus sains.
Selon une étude de l’Anses portant sur 54 000 produits alimentaires transformés, 77 % d’entre eux – soit plus de trois sur quatre – contiennent au moins un ingrédient sucrant ou un vecteur de goût sucré. On le sait, l’industrie agroalimentaire utilise largement le sucre, une matière première peu coûteuse, et incite à la consommation en habituant les consommatrices et consommateurs à ce goût sucré. Cela ne peut plus durer.