BILLET

QUI SONT LES JEUNES QUI MILITENT ?

Lisa Pujol

FéVRIER 2025

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2025 a démarré sur les chapeaux de roue avec le télescopage des actualités du cyclone Chido qui a dévasté Mayotte et des incendies à Los Angeles. Depuis 30 ans, les catastrophes climatiques se multiplient et s’intensifient, touchant les populations les plus vulnérables. Les futures générations vont être les plus impactées par les bouleversements climatiques et sociaux à venir. Une étude publiée en 2021 dans The Lancet a montré à quel point l’éco-anxiété a pris racine chez les jeunes générations : sur les 10 000 personnes de 16 à 25 ans interrogées dans 10 pays, près de 70 % ont déclaré être « très inquiètes » ou « extrêmement inquiètes » du changement climatique. Que faire d’autre, quand l’avenir semble si incertain, que de rester impassible, sidéré… ou de s’engager pour qu’il en soit autrement ? On se souvient du lancement des premiers « Fridays for Future » de Greta Thunberg en 2018. Au lieu de prendre le chemin du collège, elle décide de sécher les cours chaque vendredi pour manifester devant le Parlement suédois jusqu’à ce que le gouvernement s’aligne sur les objectifs de l’Accord de Paris. Rapidement, ses grèves trouvent écho dans plusieurs pays et un nouveau mouvement mondial, inédit, composé à grande majorité de jeunes, s’engage en faveur du climat. En France, c’est la voix de Camille Étienne qui résonne comme figure de proue des jeunes en lutte, et des moins jeunes. Militante pour la justice sociale et climatique, elle se distingue par ses actions de lobbying auprès de décideurs politiques ou économiques et sa détermination à mettre en lumière des scandales, vulgariser des problématiques pour toucher un large public, et proposer des actions concrètes à réaliser. Ses engagements ont mené à de grandes victoires, comme la loi sur l’interdiction des polluants éternels en France ou plus récemment la suspension pour 2025 du projet d’exploitation minière des fonds marins arctiques de la Norvège. Et puis, il y a l’activisme. Pour le docteur en sociologie Laurent Lardeux, dont les travaux portent sur l’engagement des nouvelles générations, les jeunes activistes du climat sont passés dans une phase plus offensive. Faire pression sur les gouvernements et les industries, réclamer des mesures concrètes, pour changer les structures, changer le système, et imposer les bons choix à notre société pour qu’il soit possible d’être écologiste. Mobilisations, boycotts, occupations de site, opérations de désobéissance civile, pétitions, bénévolat, marches, artivisme, campagnes, actions coup de poing… Une enquête d’opinion menée par OpinionWay en 2023 avait montré que sur 1 140 jeunes interrogés, de 18 à 30 ans et issus de différentes classes de la population française, 71 % déclaraient être engagés dans la lutte pour l’environnement (dont 21 % déclaraient être tout à fait engagés). Une « génération climat » ? Pas vraiment. Tous les jeunes ne s’engagent pas. Sans tomber dans l’homogénéisation, ceux issus des classes populaires et des milieux de droite, de la finance, des assurances et de la banque sont plus en retrait. Et au-delà d’une guerre générationnelle, dans l’histoire et la sociologie des mouvements écologiques, il n’y a pas que les jeunes qui s’engagent. Des générations se sont battues avant, et d’autres le feront après ; dans la continuité des luttes écologiques.