le Bugey : le débat public se termine, la lutte commence
Fortifier les terres pour les défendre face au nucléaire : tel était le symbole du château en bottes de paille érigé par les militant·es réuni·es le samedi 24 mai à Loyettes (Ain) sur le terrain d’un des propriétaires qui refuse de céder ses terres à EDF. Devant cet édifice, les prises de parole se sont succédé pour dénoncer une industrie coûteuse, dangereuse et hors sol par rapport au changement climatique.
« Le gouvernement exige que les Français·es se serrent la ceinture. Mais il est prêt à dépenser des sommes faramineuses pour des réacteurs qui arriveraient trop tard pour lutter contre le dérèglement climatique ! » s’agace Jacques, militant à Greenpeace Lyon.
Le débat public sur le projet de construction de nouveaux réacteurs nucléaires au Bugey (Ain), clôturé le 15 mai, laisse en effet beaucoup de questions sans réponse, comme celle du coût. L’exploitant laisse le doute planer alors que les estimations ne cessent d’augmenter. La dernière en date : 100 milliards d’euros selon Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, soit deux fois plus que le premier chiffre avancé. Dans le cas où ce projet se poursuivrait, ce n’est sans doute que le début d’une succession de dérapages financiers auxquels l’industrie nucléaire nous a habitués.
Pour Anne-Marie, propriétaire d’un terrain menacé, « le gouvernement ne cesse d’alerter sur la baisse du nombre de paysan·nes en France. Mais au lieu de réellement les défendre, il confisque leurs terres pour construire des réacteurs nucléaires. C’est un non-sens ! »
« Les EPR2 au Bugey menacent d’artificialiser plus de 300 ha de terres agricoles. Soit autant que ce qui était prévu pour le projet d’autoroute A69. Ces projets vont à l’encontre des besoins de notre époque ! Pour faire face aux épisodes de sécheresse qui vont se multiplier les prochaines années, il faut à tout prix limiter au maximum la bétonisation des terres » martèle Mathilde Damecour, chargée de campagne au Réseau Sortir du nucléaire.
La journée s’est terminée avec un mot d’ordre partagé par les participant·es : « le débat public se termine, la lutte commence ».