BILLET

BIOCONTACT EST TOUJOURS LÀ…

Jean-Pierre Camo

JANVIER 2025

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Pour vous qui tenez ce journal entre les mains, cela sonne comme une évidence. Pourtant, présent en magasins bio depuis 1991, Biocontact a connu de meilleurs jours, il faut en convenir. La flambée des coûts énergétiques liée au contexte international a malmené notre modèle économique. Maintenir un tirage d’environ 100 000 exemplaires tous les mois tout en assurant une distribution gratuite, ça coûte. De plus en plus cher… Et ce qui devait arriver arriva : nous subissons, bien malgré nous, un croisement de courbes, l’une montante, celle des coûts de production en hausse constante, l’autre descendante, celle de nos recettes publicitaires. Sans surprise, nos annonceurs subissent eux aussi la crise qui touche le secteur bio et sont contraints de réduire ou de reporter leur budget de communication. L’excellent et récent reportage Bio, la crise de foi, diffusé sur Arte (disponible en replay jusqu’au 24 février 2025) explique très bien la problématique que traverse le secteur. « Entre 2012 et 2021, la consommation mondiale de produits bio a doublé mais, depuis, les volumes se sont effondrés. […] En cause, des prix plus élevés, la multiplication de labels non bio qui prêtent à confusion, mais aussi une crise de confiance », apprend-on en préambule. Des prix plus élevés : manger 100 % bio n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais, faute d’aides suffisantes et mieux ciblées, produire bio coûtera toujours plus cher : moindre rendement, coûts de main-d’œuvre plus élevés. Multiplication des labels : chacun y va de son slogan aguicheur pour faire croire que son produit est plus vertueux que vertueux. L’imagination n’a pas de limites pour égarer (manipuler ?) les consommateurs. Et l’avènement de la bio industrielle qui applique les mêmes méthodes productivistes que dans le conventionnel a passablement écorné son image. Nous sommes à des années-lumière des pionniers visionnaires de Nature & Progrès des années 70… Subsiste cependant une question épineuse : la bio respectueuse de l’environnement et de la santé des consommateurs pourra-t-elle fournir assez pour nourrir l’humanité ? Où l’on relance le vieux débat entre qualité et quantité… Revenons à votre magazine Biocontact, un média alternatif balloté comme un bouchon de liège sur une mer agitée. Je tiens ici à chaleureusement vous remercier, chères lectrices et lecteurs, qui lisent avec intérêt nos articles de fond. Vous êtes les fondations de notre raison d’être. Sans vous, tout s’écroule… Sans oublier bien sûr les annonceurs qui nous ont permis de tenir financièrement jusqu’à aujourd’hui, les centaines de magasins spécialisés qui nous distribuent fidèlement depuis trente ans ainsi que nos autrices et auteurs qui alimentent notre contenu. Nous avions lancé l’automne dernier un appel aux dons qui a récolté 14 000 euros. Un grand merci aux donatrices et donateurs pour ce ballon d’oxygène bienvenu. Aujourd’hui, nous vous proposons une formule d’abonnement assortie d’un cadeau (bijou en ambre) pour consolider notre trésorerie. Car un(e) abonné(e) = un exemplaire supplémentaire disponible en magasin bio. Biocontact n’a pas d’équivalent dans les médias gratuits. C’est pourquoi il doit perdurer. Et il perdurera grâce à vous. Je vous souhaite une belle et heureuse année 2025.