usine d’engrais Yara : les associations et riverains veulent mettre fin à l’omerta
Ce site du premier producteur mondial d’engrais, situé à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) a été épinglé de nombreuses fois par la justice pour ses pollutions et manquements aux règles de sécurité sans que cela n’ait jamais inquiété ses activités. Différents collectifs locaux, avec le soutien des Amis de la Terre France, ont manifesté le 2 novembre en fin de matinée devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire pour demander que toute la lumière soit faite sur le devenir du site.
Les collectifs et associations demandent que toute la transparence soit faite :
– sur les conditions de travail des ouvriers de Yara Montoir, les accidents techniques et humains passés. Ils souhaitent particulièrement obtenir des réponses sur les deux morts sur le site, le dernier était un intérimaire de 50 ans, mort le 24 octobre 2023 à la suite de symptômes semblables à une intoxication aux vapeurs d’ammoniac.
– sur le futur du site : les produits amenés à y être stockés, les volumes gérés, les risques (explosifs et en termes de pollutions), la provenance des engrais ainsi que le plan de sécurisation du site.
L’usine est en effet supposée devenir un entrepôt géant de stockage d’ammonitrates, des engrais chimiques hautement explosifs. C’est ce produit qui a détruit le port de Beyrouth ou AZF à Toulouse en explosant.
Le projet d’un nouvel entrepôt de stockage est aussi incohérent avec la stratégie de la France, qui prévoit d’annoncer dans son nouveau plan climat une baisse de 30 % de l’usage d’engrais chimiques en France. Actuellement, rien n’est fait pour atteindre cet objectif. Dans ce contexte, la délocalisation du site et sa transformation en site de stockage est complètement déconnecté des discours politiques nationaux sur la sobriété et l’accroissement de notre souveraineté alimentaire.
Les engrais sont en effet fabriqués à partir de gaz fossile ; gaz importé de nombreux pays aux régimes autoritaires et soumis aux chocs mondiaux. La guerre en Ukraine l’a démontré : quand le prix du gaz s’envole sur les marchés mondiaux, celui des engrais suit la même tendance et in fine, c’est le caddie des Français qui est touché. Cette dépendance de notre système alimentaire aux énergies fossiles rend notre système alimentaire vulnérable aux aléas et il faut donc y mettre un terme. Cela commence à Montoir-De-Bretagne en exigeant des réponses sur le devenir du site de Yara !
Manon Castagné, chargée de campagne agriculture aux Amis de la Terre France ajoute : « L’État doit montrer du respect pour les populations sacrifiées par cette industrie et apporter des réponses aux questions fondamentales que nous avons sur l’avenir de ce site qui nous concerne toutes et tous : les travailleurs et riverains de cette usine qui sont en première ligne des pollutions et du risque explosif, et la population au sens large, victime des rejets toxiques des engrais et de leurs impacts climatiques. »