alimentation : une pétition européenne pour interdire l’aspartame
Il y a un an et demi, le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) classait l’aspartame (E951) comme « cancérogène possible pour l’homme », s’ajoutant à plus de 30 ans d’alertes scientifiques sur ses risques pour la santé, notamment cardiovasculaires et liés au diabète.
L’aspartame est pourtant toujours utilisé comme substitut au sucre dans plus de 2 500 produits allégés ou sans sucre en Europe, en particulier dans les sodas (Coca-Cola Zero, Pepsi Max, Sprite Zero…), les boissons énergisantes, les chewing-gums, mais aussi dans d’autres produits dits « light » comme les yaourts Yoplait 0 %, ou certains produits laitiers Lindahls de Nestlé ou des chewing-gums Mentos.
Dans une mobilisation inédite, foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka lancent une pétition dans onze pays pour faire pression sur les institutions européennes afin d’interdire cet additif et demander aux États membres de l’UE d’agir. Le principe de précaution prévu par la réglementation européenne exige de l’interdire.
Selon un sondage YouGov pour foodwatch, 40 % des Européens interrogés consomment régulièrement des produits contenant de l’aspartame. Il y a donc là un enjeu de santé publique. D’autant plus que l’étude épidémiologique de l’Inserm de 2022 sur l’aspartame menée sur 102 865 participants identifie les premiers risques de cancer à partir d’une demi-canette de soda à l’aspartame par jour seulement. La pétition répond aux attentes de deux consommateurs européens sondés sur trois favorables à une interdiction de l’aspartame par mesure de précaution. Ceux-ci préfèrent demander l’interdiction de l’aspartame plutôt que de s’exposer à un risque pour leur santé.
En 2019, ces associations s’étaient déjà alliées sur une pétition demandant au gouvernement français la suppression des nitrites ajoutés dans l’alimentation qui favorisent certains cancers.Cette pétition a connu une forte mobilisation, comptabilisant plus de 500 000 signatures, et a conduit de nombreux industriels à supprimer les nitrites ajoutés de leurs produits. Suite à cette action, le gouvernement français a même publié un plan de réduction des nitrites dans l’alimentation.
Les trois organisations rappellent que l’évaluation de l’aspartame par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en 2013 a fait l’objet de plusieurs critiques portant sur ses conflits d’intérêts. Elles comptent, cette fois encore, faire bouger les lignes politiques. Puisqu’il n’est pas prouvé aujourd’hui que l’aspartame est sûr pour la santé, il ne devrait plus être autorisé sur le marché européen.