Le rendez-vous du mois
David Garbous
Diplômé de l’École de Management de Normandie, ancien directeur marketing dans l’agroalimentaire (Danone, Lesieur, Fleury Michon), David Garbous fonde en 2013 en association avec l’Ademe la plateforme Réussir avec un Marketing responsable, qui sélectionne chaque année des initiatives d’entreprises qui ont intégré la RSE au cœur de leur offre et ont obtenu des succès économiques incontestables. C’est pour accompagner ces transitions qu’il fonde en 2020 le cabinet de conseil Transformation Positive. Également cofondateur du collectif En Vérité, il en devient le président en 2023.
Une soixantaine de marques se sont regroupées au sein du collectif En Vérité autour d’un intérêt commun, la transparence alimentaire. Quels sont les objectifs du collectif ?
Le collectif En Vérité, une association loi 1901 reconnue d’intérêt général par les pouvoirs publics, rassemble des acteurs économiques uniques en leur genre, engagés en faveur de l’intérêt général. Il regroupe tous les acteurs de la chaîne, à la fois des coopératives agricoles, des industriels et des distributeurs. Il a pour objectif de porter auprès des pouvoirs publics une obligation de transparence commune à toutes les marques pour que les Français sachent clairement ce qu’ils mangent, quel que soit le produit. Et cette transparence, le collectif la réclame sur trois piliers : la nutrition, l’impact environnemental et l’origine des produits.
L’industrie alimentaire n’en finit pas d’être au cœur d’affaires qui menacent la santé des consommateurs. La transparence du produit, c’est le « seul » levier qui permettrait d’éviter les scandales agroalimentaires ?
La transparence est en effet essentielle. C’est un pilier clé pour informer les consommateurs sur la qualité des produits qu’ils achètent et leur permettre de choisir en conscience. Cependant, elle doit s’accompagner d’un cadre réglementaire clair et d’une pédagogie alimentaire pertinente. Ensemble, ces mesures créent un écosystème où les marques vertueuses seront valorisées, et les dérives diminuées au profit de la santé publique, de l’environnement et du revenu des agriculteurs.
Le collectif plaide pour un « affichage intégral harmonisé ». De quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’un affichage qui permet de répondre clairement aux trois questions que se posent en permanence les consommateurs sur ce qu’ils mangent : je veux savoir si c’est bon pour ma santé, d’où cela vient et comment c’est fait.
Ces critères d’information (origine, présence d’additifs…) n’existent-ils pas déjà ?
Aujourd’hui, le seul indicateur commun, c’est le prix. Pour le reste, les marques font du « pick and choose » et affichent ce qui les avantage. Cela induit le consommateur en erreur et crée de la distorsion concurrentielle avec une prime au vice. L’objectif est d’instaurer un cadre clair et homogène pour un affichage transparent et complet des produits alimentaires.
Afin de déterminer l’impact de l’affichage intégral harmonisé sur les décisions d’achat, l’institut d’étude a interrogé les consommateurs de trois catégories de produits. Pourquoi ces produits en particulier, et qu’est-ce qui a été observé ?
Pour comprendre l’impact de l’affichage des indicateurs sur les décisions d’achat, l’institut d’études a interrogé les consommateurs sur trois catégories de produits présentant de nombreuses allégations sur l’emballage: les pâtes à tartiner, les substituts végétaux et les sauces bolognaises. Sept personnes sur dix trouvent que l’affichage intégral harmonisé est plus clair pour le consommateur et simplifie le choix. Et pour plus d’un Français sur deux cet affichage apporte plus de transparence et donne toutes les informations dont ils ont besoin. Lorsque tous les indicateurs sont dévoilés, les consommateurs réajustent leur choix. La pâte à tartiner avec le leader du marché est un exemple parlant. Ainsi, le bénéfice du doute joue en sa faveur, mais dès que l’intégralité des informations sont affichées de manière homogène, un rééquilibrage s’opère, et les marques plus vertueuses voient leurs intentions d’achat multipliées par près de 20 ! Ce phénomène se vérifie également pour les substituts végétaux (× 3,5) et les sauces tomate (× 4,4). Sans un affichage intégral harmonisé, le consommateur est privé de toute comparaison, et c’est l’État et chacun de nous qui en payons le prix en matière de santé publique et de transition écologique.
Biocoop, membre du collectif, est la première marque à avoir affiché le logo Origin’Info directement sur ses emballages. D’autres marques adhérentes du collectif emboîteront bientôt le pas. Peut-on espérer de voir cette tendance s’imposer à l’échelle nationale ?
D’autres adhérents du collectif emboîteront très bientôt le pas et afficheront également le logo sur les emballages . Parmi eux : Les Compagnons du Miel – Naturalim France Miel, Biorgane, D’Aucy, Pepe Bacio, Reitzel France, Chiche !… En parallèle, des adhérents sont déjà en train de faire les développements pour l’afficher sur leur site web (Olga – marque Vrai –, Lucien Georgelin, Arcadie, Les 2 Vaches, Funky Veggie, Séhédic, Céréal Bio, Graines et légumineuses de France, Nudj, Priméal…). Au total, c’est plus de 600 références produits qui seront concernées ! De plus, certaines entreprises, telles que L’atelier V*, se sont déjà distinguées en offrant une transparence intégrale à travers un QR code.
Au sein du collectif, bien évidemment, nous militons pour un déploiement massif de cette information sur les emballages. C’est un cercle vertueux : plus les marques joueront le jeu, plus la confiance reviendra et plus les marques gagneront !
Si une marque souhaite rejoindre ou soutenir le collectif, comment peut-elle s’y prendre ?
En nous contactant sur LinkedIn, sur la page du collectif, ou directement sur le formulaire de notre site. Sinon, par e-mail auprès de Julia Terpman-Perot : julia@en-verite.fr.