rétention des rapports d’expertise - le nouveau jeu pervers de la France ?

Le 2 février, l’Anses aurait dû publier un rapport sur les nouveaux OGM, dont le contenu balayait l’argumentaire avancé par la Commission européenne pour justifier leur dérégulation : les experts réfutaient les bases scientifiques du texte européen. Cet avis argumenté était censé éclairer le vote des parlementaires européens sur ce projet, prévu et réalisé le 7 février. Las !, bloqué à la demande du ministre français de l’Agriculture, ledit rapport Anses  n’a été rendu public que début mars, bien trop tard pour être pris en compte. Fin mars, le journal Le Monde a révélé qu’un autre rapport de l’Anses, cette fois-ci sur le glyphosate, avait également été enterré sans explication en 2016. Cet avis scientifique soulignait des lacunes dans l’évaluation de la génotoxicité du glyphosate (sa capacité à induire des cancers), et aurait dû éclairer le débat européen sur la ré-autorisation de ce pesticide en 2017 puis en 2023, dont il aurait pu modifier l’issue... Dans les deux cas, la France a donc sciemment censuré une expertise scientifique qui dérangeait les intérêts de l’agro-industrie. Dans les deux cas aussi, le rapport n’a pu être obtenu qu’après des procédures judiciaires ou des menaces (action judiciaire de la part du journal Le Monde pour le glyphosate, procédure administrative de mise en demeure par Agir pour l’Environnement, la Confédération paysanne et France Nature Environnement dans le cas des OGM). Notons par ailleurs que, sous la pression des syndicats agro-industriels (FNSEA et Coordination rurale), le gouvernement français a réduit le rôle de l’Anses dans l’autorisation des pesticides. Les signaux sont fluorescents : la science dérange les intérêts de l’agro-industrie. Au-delà, la rétention d’expertises scientifiques est-elle devenue une « méthode française » pour fausser la démocratie européenne ?

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