canicule - le parc nucléaire est-il prêt à résister à de nouveaux records de températures ?

Alors que les vagues de chaleur sont appelées à se multiplier et s’intensifier, la tenue du parc nucléaire existant à ces phénomènes extrêmes est une question cruciale. Or plusieurs avis publiés par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ces dernières années laissent entrevoir des interrogations persistantes à ce sujet. Ainsi, il apparaît que « de faibles marges existent entre les températures calculées dans les locaux et les températures admissibles pour de nombreux matériels, notamment de sauvegarde », ce qui « constitue une fragilité de la démonstration de la protection des installations contre les "grands chauds" », et ce d’autant plus que les calculs thermiques réalisés par EDF présentent un certain nombre d’approximations.

En particulier, la question se pose pour les diesels de secours, censés venir en renfort en cas de perte d’alimentation électrique pour permettre la poursuite du refroidissement et l’arrêt des réacteurs dans des conditions sûres. L’IRSN indique ainsi que ceux-ci, en cas de température extérieure trop élevée, pourraient ne pas fonctionner à la puissance requise, posant la question de leur capacité à assurer leur mission. Un constat d’autant plus inquiétant que le recours à ces équipements cruciaux n’est pas rare et que nombre d’entre eux sont déjà dans un état qui laisse à désirer, notamment en raison d’une maintenance défaillante. Et si des diesels dits « d’ultime secours » (DUS) ont été installés sur les centrales suite à l’accident de Fukushima pour pallier une défaillance des diesels de secours due à des événements exceptionnels, ces DUS présentent déjà des dysfonctionnements… et leur tenue aux températures extrêmes pose elle-même question !

Pour certains sites, des incertitudes ont été pointées du doigt dès mars 2020. Ainsi, les diesels de secours du réacteur n °1 du Tricastin sont capables d’assurer leur mission « hors agression canicule ». Et pour ceux de la centrale du Bugey, « les éléments présentés à ce jour par EDF ne permettent pas d’avoir une confiance suffisante concernant les marges affichées par EDF entre la puissance disponible des groupes électrogènes diesels de secours et la puissance requise, en situation estivale (grands chauds) et pour l’agression canicule. » Si des tests sont effectués depuis plusieurs années sur l’ensemble du parc, leurs résultats ne sont pas connus à ce jour. Faute d’information, il ne reste donc plus qu’à espérer que l’utilisation des diesels de secours ne sera pas nécessaire !

Par ailleurs, la méthodologie de calcul par EDF de l’aléa canicule était présentée comme insatisfaisante. Un point d’autant plus préoccupant que de nouveaux records de température sont régulièrement battus, ce qui soulève la question du dimensionnement de certains équipements par rapport à des températures « extrêmes » bientôt obsolètes.

Cette vulnérabilité des centrales aux fortes chaleurs vient s’ajouter aux autres risques liés au changement climatique les concernant : baisse du débit des cours d’eau laissant présager pertes de production, conflits d’usage, montée du niveau de la mer et risque de submersion sous-estimée pour les sites côtiers… Sans compter les impacts sur la biodiversité engendrés par les rejets d’eau chaude des réacteurs dans des milieux aquatiques déjà fragilisés, alors qu’EDF s’est vu accorder une dérogation autorisant quatre centrales à dépasser les limites de température imposées au titre de la protection de l’environnement !

Alors que la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes est malheureusement inéluctable, le projet d’Emmanuel Macron de prolonger massivement un parc nucléaire vulnérable témoigne d’un dangereux aveuglement. Aux catastrophes climatiques, n’ajoutons pas un accident nucléaire ! Plutôt que de se leurrer avec une technologie dangereuse et peu fiable, l’urgence exige de bâtir dès maintenant un futur énergétique sobre, renouvelable et résilient.

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