pesticides en Gironde - un lien entre viticulture et leucémie aiguë chez l’enfant

Le mercredi 29 juin avait lieu au ministère de la Santé et de la Prévention la présentation de l’étude Géocap-Agri consacrée aux liens entre viticulture et leucémies aiguës (LA) de l’enfant, présentation à laquelle plusieurs associations ont assisté. Les résultats sont clairs : le risque de développement de LA pour un enfant augmente à chaque augmentation de la proportion de surface en vigne de 10 % dans un rayon de 1 000 mètres autour du domicile des enfants.

Rappel des faits

Le projet Géocap-Agri a vu le jour suite à l’alerte lancée à Preignac en Gironde par un collectif de parents d’enfants malades et une institutrice, dont l’école et la commune sont situées au milieu des vignes. À la suite de quoi une chaîne s’est constituée regroupant le maire qui a fait un signalement aux autorités de santé, une salariée agricole qui s’est procuré le rapport de l’époque rédigé par l’Invs (Institut national de veille sanitaire, intégré depuis 2016 à Santé Publique France), ou encore des médecins de l’association Alerte des médecins sur les pesticides contestant les conclusions du premier rapport publié. L’étude Géocap-agri a été la réponse de l’État face à cette mobilisation.

Addition d’indices tangibles dans le cadre de Géocap-agri

Dans le cadre de Géocap-Agri, une étude écologique étudiant le lien entre LA de l’enfant et surface agricole utile à l’échelle communale a déjà été réalisée. Elle montrait ce lien seulement pour la viticulture. Avec l’appui du Registre national des cancers de l’enfant et de la géolocalisation des données, la nouvelle étude présentée le 29 juin vient préciser l’étude précédente : quand l’exposition des enfants augmente par la densité de culture en vigne dans un rayon d’un km, le risque de LA augmente lui aussi. Deux études de design différent vont donc dans le même sens.

Des études toujours plus nombreuses et conclusives

Aujourd’hui les données scientifiques sont là. Elles viennent compléter un corpus de connaissances important concernant les risques de l’exposition aux pesticides des enfants. Que ce soit lors de l’exposition professionnelle de sa mère, ou lors d’une simple exposition domestique, l’Inserm a confirmé en 2021 que le niveau de preuve entre l’exposition aux pesticides et les LA ainsi que les tumeurs cérébrales était élevé. Ce même niveau de preuve est également reconnu pour les malformations congénitales et pour les troubles du neurodéveloppement. Il manquait, on serait tenté de dire seulement, des preuves de l’exposition liée à la proximité des cultures. Aujourd’hui c’est aux politiques de prendre leurs responsabilités.

La première est de reconnaître que le discours sur l’absence de risques pour les populations vivant au-delà de 5 m et 10 m des cultures (basses et hautes) ne tient pas. Car c’est dans un rayon de 1 000 m que vient d’être mis en évidence cette augmentation de risque de leucémies. Qu’en est-il pour d’autres pathologies, d’autres cultures ? S’il a fallu 5 ans pour Géocap, combien d’années encore pour répondre à ces questions ? Nous appelons donc à la raison et à l’application du principe de précaution.

La seconde est de donner accès aux données d’utilisation des pesticides à la parcelle. Pour lever tout doute, et assurer la transparence indispensable à la prise de décision publique, il est indispensable que l’État rende accessible aux chercheurs mais également aux parties prenantes et aux premiers concernés – les habitants – les registres d’épandage donnant connaissance des molécules utilisées à la parcelle et de leurs quantités.

Enfin l’État doit protéger les populations de ces territoires : les associations demandent à l’État de revoir les textes réglementaires censés encadrer l’usage des pesticides et notamment le décret dit de protection des personnes qui n’impose des Zones non traitées par des pesticides de synthèse que de 3 à 10 mètres… Elles demandent aussi des périmètres de protection autour de tous les lieux de vie, écoles, crèches, terrains de sport et habitations compris. Cependant, c’est un vaste plan de conversion de notre agriculture vers un modèle agricole vraiment durable, tel que l’agriculture biologique, qui s’impose. C’est le seul garant de la protection des écosystèmes et des humains. Un cap contraignant et encourageant, ainsi que des étapes doivent être fixés aux professionnels. Cela aura un coût mais la santé de nos enfants n’ayant pas de prix, nous devons collectivement en prendre la responsabilité.

Alerte aux Toxiques

Alerte des Médecins sur les Pesticides

Alerte Pesticides Haute-Gironde

Collectif Info Médoc Pesticides

Confédération Paysanne Gironde Dominique

France Nature Environnement

Générations Futures

Vigilance OGM-Pesticides