cancer du sein - Il est urgent de s’attaquer aux causes environnementales

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) vient de publier les données pour l’année 2022 sur le cancer dans le monde ainsi que les projections jusqu’à 2050. La France reste un des pays les plus touchés au monde avec 484 000 cas et 191 000 décès. Le nombre de cancers a doublé en 30 ans. La France est le 9e pays au monde (7e pour les hommes et 10e pour les femmes). Les prévisions pour 2050 sont 595 000 cas et 261 000 décès.

Pour les cancers du sein, de 2022 à 2050, selon le CIRC, le nombre de cas annuels en France passerait de 65 700 à 75 400 et celui des décès de 14 700 à 20 100. Les femmes de moins de 49 ans représentent déjà aujourd’hui 12 709 cas soit 1 cas sur 5 et 1087 décès, soit 1 cas sur 14. Ce sont elles qui sont, par principe, les plus concernées par cette prévision pour 2050. Comment arrêter le tsunami à venir ? C’est la question que l’on doit se poser aujourd’hui sachant qu’en matière de cancer, il faut penser les actions sur le long terme. L’exemple des succès enregistrés dans la lutte contre le tabac ou, dans un autre domaine, les accidents de la route, devrait aujourd’hui inspirer la politique de lutte contre le cancer. Il n’y a pas de fatalité si on construit des politiques sur le long terme.

C’est le moment de faire le point sur l’efficacité de la stratégie suivie. Manifestement, le choix de mettre l’accent sur le dépistage n’a pas abouti au résultat souhaité, ni en termes d’incidence, ni en termes de mortalité. Il n’est pas surprenant que l’incidence ait augmentée, puisque par principe le dépistage ne s’attaque pas aux causes.

Les données scientifiques depuis 30 ans n’ont pourtant cessé de confirmer, non seulement que la génétique n’explique que 10 % des cas, mais que le poids des causes environnementales est écrasant, en définissant évidemment l’environnement de la façon la plus large. Les études sur les migrantes montrent que le passage d’un pays asiatique à l’Amérique du Nord ou à l’Europe (où le taux moyen est 3 fois plus fort que dans le pays de départ) augmente le risque dans les mêmes proportions.

La contamination chimique joue un rôle déterminant, en priorité celle liée aux perturbateurs endocriniens (bisphénol A, perfluorés, phtalates, parabènes, cadmium, certains pesticides…). L’étude récente publiée dans la revue de référence Environmental Health Perspectives par les chercheuses du Silent Spring Institute a identifié 920 substances susceptibles d’initier ou de favoriser le développement du cancer du sein. La dimension transgénérationnelle a été démontrée chez l’humain avec le pesticide DDT, la dioxine de Seveso, le distilbène…

L’étude récente PEPS’PE de Santé Publique France classe d’ailleurs le cancer du sein dans la catégorie « Niveau de preuve suffisant » pour le lien avec les perturbateurs endocriniens. Sont aussi en cause la pollution atmosphérique, le travail de nuit, les rayonnements ionisants, l’alimentation ultratransformée comme l’a montré en France l’étude NUTRI-NET.

La diminution observée au début des années 2000 chez les femmes de plus de 60 ans suite à l’arrêt du THS (Traitement hormonal substitutif) de la ménopause, alors que le taux progressait dans toutes les autres tranches d’âge, montre qu’il est possible de réduire en quelques années l’incidence à tous les âges en agissant sur des facteurs identifiés. Un autre bénéfice à attendre serait d’agir pour augmenter l’efficacité de la chimiothérapie en diminuant la contamination de la femme par des perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A ou un phtalate comme le BBzP. Comme ce sont des perturbateurs endocriniens non persistants éliminés quotidiennement, les gains à attendre sont donc très immédiats.

La lutte contre le cancer du sein doit se mener à partir des connaissances scientifiques d’aujourd’hui et non des incertitudes du passé.

Réseau environnement santé

206, quai de Valmy

75010 Paris

Tél. : 07.85.37.94.80

www.reseau-environnement-sante.fr