dérives - cosmétique bio : la vraie et la fausse

Demain, un cosmétique contenant des OGM, des ingrédients issus de la pétrochimie, des polluants ou encore des dérivés d’animaux morts… pourra « légalement » afficher des revendications bio avec la mise en place prochaine de la norme ISO 16128. Il est surprenant également de constater qu’aucun pourcentage minimum de bio ne sera exigé.

L’ISO (Organisation internationale de normalisation) a pour mission d’assurer l’harmonisation de différents sujets techniques. En 2010, sous l’impulsion de la Commission européenne (via l’association Cosmetics Europe), elle s’empare de la cosmétique bio et naturelle pour lui donner une définition. L’initiative d’harmoniser est belle… sauf lorsque les parties prenantes de l’ISO, moyennant des frais de participation relativement élevés,  sont en réalité de grandes entreprises de la cosmétique conventionnelle. Une place minoritaire est faite pour les petits et les experts du bio, à condition, évidemment, de financer leur participation et d’être,  par chance,  écoutés et pris au sérieux. Il est, par conséquent, difficile de ne pas voir que la partie est biaisée.

Le but principal de cette norme est « d’autoriser un très large choix d’ingrédients naturels et biologiques… en vue de favoriser l’innovation ». Cependant, Cosmébio souligne plusieurs incohérences. Sont en effet autorisés :

- des ingrédients issus de la pétrochimie : phénoxyéthanol, parabènes, parfums de synthèse… ;

- des ingrédients ayant recours à un processus de transformation polluant : silicones… ;

- des ingrédients issus de dérivés d’animaux morts : squalène de requin, huiles de poissons ou de phoques…

De plus, l’ISO ne donne aucune recommandation quant à l’étiquetage des cosmétiques, ce qui signifie qu’il sera possible de trouver des cosmétiques à haute concentration d’ingrédients synthétiques dans un produit qui se revendiquera naturel ou bio : toutes les confusions sont possibles pour le consommateur…

Au total, 28 pays, dont la France, donnent leur avis sur la question. Cosmébio a décidé de participer à ce projet, main dans la main avec Ecocert et Cosmed (via la délégation française de l’ISO) parce que la première ébauche n’avait pas été écrite par une équipe experte de la cosmétique bio et naturelle. Celle-ci était, en effet, bien trop éloignée des valeurs de la cosmétique bio. Le lobbying exercé par les grands groupes de cosmétique conventionnelle ne permet pas aujourd’hui à Cosmébio et ses deux partenaires de faire réellement entendre leur voix.

Etant donné le manque de critères contraignants et l’incohérence de cette ligne directrice, Cosmébio se positionne clairement contre la norme ISO 16128 dans sa forme actuelle au nom de la transparence pour le consommateur ; Cosmébio prône depuis 15 ans et prônera toujours une cosmétique responsable et engagée pour le bien-être de son corps et de la planète. Le combat pour se faire entendre continue.

Cosmébio
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Site : www.cosmebio.org