bien-être animal : dix ONG interpellent le Parlement européen
Des militants de L214 et de neuf autres organisations européennes de défense des animaux se sont rassemblés le 11 février devant le Parlement européen à Strasbourg, où s’est déroulé un happening symbolique. Des activistes déguisés en poulets participent à un vote fictif en faveur d’une meilleure protection des animaux élevés pour la consommation, derrière la bannière « Don’t Chicken Out » (Ne vous dégonflez pas). Ce slogan est accompagné d’un appel à agir, « Uncage the Animal Welfare Law » (Délivrez la loi sur le bien-être animal), en référence aux cages dans lesquelles sont maintenus des millions d’animaux en France et en Europe : poules, lapins, truies…
En 2020, la stratégie Farm to Fork prévoyait une révision ambitieuse de la législation européenne sur le bien-être animal. Des promesses fortes avaient été faites : quatre règlements et la fin des cages pour des millions d’animaux d’ici à 2027. L’étude d’impact de la Commission, qui avait fuité, évoquait aussi la fin de certaines mutilations, et la réduction des densités. Pourtant, sous la pression des lobbies de l’élevage qui exercent une influence considérable à Bruxelles, seule une proposition sur le transport des animaux a vu le jour en 2024, reléguant aux oubliettes les réformes attendues sur l’élevage, l’abattage et l’étiquetage. Aujourd’hui, le Commissaire européen dédié au « bien-être animal », Olivér Várhelyi, esquisse dans ses prises de parole une révision incomplète, ne donnant aucune garantie sur l’adoption de mesures concrètes à la hauteur des attentes citoyennes.
La législation européenne sur le « bien-être animal » est à la fois obsolète et lacunaire. Certaines pratiques persistent malgré l’évolution des connaissances scientifiques, notamment :
– l’élevage en bâtiment fermé, privant la majorité des animaux d’un accès à l’extérieur ;
– une sélection génétique axée sur la productivité, entraînant des souffrances considérables ;
– le broyage systématique des poussins mâles dans la filière ponte ;
– des mutilations douloureuses comme la coupe de la queue et la castration à vif des porcelets, ou encore l’épointage du bec des oiseaux ;
– l’enfermement des truies dans des cages de gestation et de mise-bas pendant la moitié de leur vie ;
– des densités extrêmes dans l’élevage des poulets de chair, atteignant plus de 20 oiseaux par mètre carré en France.
De nombreuses espèces ne sont même pas couvertes par une réglementation minimale : les vaches, les dindes, les lapins ou encore les poissons.
Les chiffres sont sans appel : 89 % des Européens sont opposés à l’élevage en cage individuelle, 84 % estiment que le « bien-être animal » doit être mieux protégé dans leur pays, et 90 % considèrent que les pratiques d’élevage devraient répondre à des exigences éthiques minimales.