BILLET

LES PFAS, POISONS ÉTERNELS

Lisa Pujol

MAI 2024

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À l’heure où nous bouclons le numéro, les PFAS font la une des médias. Jeudi 4 avril a marqué l’adoption par l’Assemblée nationale de la proposition de loi présentée par Nicolas Thierry (député EELV) visant à protéger la population des risques liés à ces substances polluantes. Une victoire historique qui prend racine dans une forte mobilisation collective : citoyenne, politique, portée par le combat d’ONG, de scientifiques, activistes, journalistes d’investigation, et boostée par le documentaire-enquête Toxic Bodies de Camille Étienne et Solal Moisan, publié une dizaine de jours avant la proposition de loi. Il est disponible gratuitement sur la chaîne YouTube Avant l’orage sous le titre « PFAS, comment les industriels nous empoisonnent ». Nous vous le recommandons chaleureusement pour mieux comprendre l’ampleur du phénomène. Les PFAS… peut-être en avez-vous déjà entendu parler. Sinon, bienvenue dans ce scandale de santé publique et environnementale. Certaines régions sont plus polluées que d’autres en fonction des sites industriels qui les produisent, mais dans l’ensemble, aucun territoire n’échappe à la contamination. L’exposition humaine se fait par l’air, l’eau, ils sont présents dans les aliments et même dans le lait maternel ! On les retrouve aussi dans les revêtements adhésifs des ustensiles de cuisine (poêles à frire, casseroles…), les cosmétiques, les emballages alimentaires… L’organisme a du mal à les éliminer, et l’exposition à ces polluants éternels augmente le risque de développer certains cancers, de l’hypertension, des maladies cardiovasculaires, de dérégler le système immunitaire, de retarder le développement du cerveau… La proposition de loi vise à interdire les PFAS dans les cosmétiques, certains textiles, et les farts (pour les skis). Elle demande aussi un contrôle sanitaire des eaux potables avant 2026 ainsi que la mise en place d’un principe pollueur-payeur : nos impôts ne financeraient plus la dépollution de l’eau potable, ce serait aux pollueurs de payer. Qu’est-ce qui pousse les industriels à continuer de produire des substances dont la nocivité ne leur a pas échappé ? À remplacer un PFAS interdit par un autre ? Le bon sens nous échappe. Mais aujourd’hui la pression sociale est telle que leur impunité n’est plus acceptée. La proposition de loi doit passer devant le Sénat fin mai pour être promulguée… À suivre de près, donc. Pendant ce temps, que faire ? Vous pouvez visionner Toxic Bodies, ou le film Dark Waters de Todd Haynes (il relate l’histoire vraie du combat de l’avocat américain Robert Bilott contre la pollution des eaux aux PFAS dans une petite ville et la corruption industrielle), ou encore soutenir les ONG. Renseignez-vous sur les alternatives pour limiter l’exposition aux PFAS, et n’hésitez pas à en parler autour de vous !   ERRATUM Dans notre dernier numéro consacré à L’œuf et la poule, une coquille s’est glissée dans le numéro de téléphone portable de Julie Bonneau, auteure de l’article « L’œuf, une mine de protéines ». Il fallait lire : 07.67.69.67.51.