pollution de l’eau - il est temps de changer des normes obsolètes

L’UFC-Que Choisir publie une analyse de la contamination de l’eau sur l’ensemble du territoire à partir des données fournies par le site du ministère de l’Ecologie. Conclusion : « Près de 96 % des consommateurs peuvent boire leur eau en toute confiance, 2,8 millions ont en revanche une eau polluée, notamment par les pesticides, les nitrates ou le plomb. »

Pour juger de la qualité de l’eau, l’analyse s’appuie très logiquement sur la grille d’analyse qui est celle de la réglementation. Le problème est que ces normes sont largement obsolètes au regard des connaissances scientifiques actuelles concernant les perturbateurs endocriniens. « Les perturbateurs endocriniens ne sont pas des substances comme les autres », ont réaffirmé récemment la centaine de scientifiques, spécialistes de ces substances, qui ont signé l’appel « Halte à la manipulation de la science ».

L’exemple le plus caricatural est celui des pesticides. La norme pesticide, fixée à 0,1 µg/l (0,5 µg/l pour les mélanges), repose sur le seuil de détection analytique des années 1960 et non, comme on pourrait s’y attendre, sur des données toxicologiques. Les résultats de Que Choisir montrent que « sur les 20 molécules les plus fréquentes, 19 d’entre elles sont des herbicides, au premier rang desquels l’atrazine et ses molécules de dégradation ». Or l’étude Pelagie (Perturbateurs endocriniens : étude longitudinale sur les anomalies de la grossesse, l’infertilité et l’enfance), menée auprès de 3 000 femmes enceintes en Bretagne, a montré que les femmes qui avaient des traces détectables d’atrazine et de ses composés, quel que soit le niveau, ont donné naissance à des enfants présentant un taux plus élevé de réduction du périmètre crânien (+50 %) et une restriction de la croissance fœtale (+70 %).

Il en est de même pour les nitrates pour lesquels la norme repose sur un effet sanitaire qui a disparu (méthémoglobinémie du nourrisson) et non pas sur le fait que les nitrates doivent être aujourd’hui considérés comme des perturbateurs des hormones thyroïdiennes avec des seuils d’action beaucoup plus bas, surtout si à la pollution par les nitrates s’ajoute celle par les perchlorates.

Plus récemment, le laboratoire de l’Union européenne JRC (Joint Research Center) a publié une étude menée par 16 laboratoires européens portant sur l’impact de mélanges de perturbateurs endocriniens évalué sur 35 tests. La conclusion est très nette : les normes pour les PE sont obsolètes.

« Eliminer les perturbateurs endocriniens de notre environnement doit être mis à l’agenda de tous les candidats aux élections présidentielles comme une grande cause nationale », demande André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé.

Réseau Environnement Santé

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