scandaleux - la recherche sur les OGM entachée de conflits d’intérêts

Ce ne sont pas une association ou un syndicat opposés aux OGM qui le disent : une étude réalisée par des chercheurs de l’Institut public de recherche agronomique (Inra) conclut que « 40 % des publications étudiées présentent un conflit d’intérêts financiers ». Les chercheurs de l’institut se sont intéressés aux études « scientifiques » qui traitent de l’efficacité ou de la durabilité des plantes transgéniques Bt, génétiquement modifiées pour produire un insecticide.

Ont été analysés en détail 672 articles publiés entre 1991 et 2015 dans des journaux scientifiques à comité de lecture. Les chercheurs ont voulu savoir dans quelle mesure ces entreprises ont influencé la littérature scientifique.

L’article publié dans la revue PlosOne du 16 décembre 2016 est précis, clair et sans appel : « 40 % des publications présentent un conflit d’intérêts financiers car les études présentées dans ces publications ont été menées ou financées, entièrement ou en partie, par les industries de biotechnologies qui développent et vendent ces plantes. »

Tout d’abord, et sans réelle surprise, les auteurs de l’article montrent que dans « les publications présentant un conflit d’intérêts, les conclusions sont plus fréquemment favorables aux intérêts des industries semencières (+50 %) que pour celles sans conflit d’intérêts ».

Ils montrent aussi qu’en fonction de la présence ou non d’un conflit d’intérêts, l’étude s’intéresse plus à l’efficacité des PGM qu’à sa durabilité. Ils écrivent en effet : « Les études ayant un COI (conflit d’intérêts) ont étudié l’efficacité 70 % plus fréquemment que les études sans COI. En outre, les résultats étaient 104 % plus susceptibles d’être favorables pour les articles axés sur l’efficacité que pour ceux qui explorent la durabilité. »

Plus original, les chercheurs ont réussi à déterminer que « cette tendance générale se vérifie à l’échelle du chercheur : les conclusions des publications d’un même chercheur sur un même sujet sont en moyenne plus souvent favorables aux intérêts des industries de biotechnologies pour les publications présentant un conflit d’intérêts ».

Autre résultat de cette étude : un manque de transparence notoire. Les auteurs soulignent que « seuls 7 % environ des articles, soit 46, contenaient une déclaration de COI, mais environ un cinquième des 672, soit 141, articles avait au moins un auteur d’une entreprise de culture GM ».

Les chercheurs proposent « de mettre en place un fonds de recherche qui, tout en étant financièrement abondé par les industries concernées, en serait indépendant lors du choix des études à financer ». Ce fonds permettrait alors peut-être d’éviter autant de conflits d’intérêts et donc de redorer le blason passablement terni de la science…

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