hommage - disparition de Pierre Pfeffer, pionnier de la protection de la nature

C’est avec beaucoup d’émotion et de tristesse que la Société nationale de protection de la nature (SNPN) a appris la disparition de Pierre Pfeffer, secrétaire général puis vice-président de l’association, décédé à 89 ans le 29 décembre 2016.

La communauté scientifique perd certes un remarquable et fort dynamique protecteur de la nature mais aussi un excellent zoologiste. Fréquentant le Muséum national d’histoire naturelle depuis les années 1950, Pierre Pfeffer s’y impliqua véritablement à partir de 1959 après son entrée au CNRS, d’abord affecté au laboratoire des reptiles et amphibiens puis à celui des mammifères et oiseaux, où il termina sa carrière en tant que directeur de recherche.

Il s’intéressa d’abord aux reptiles, ce qui l’amena à étudier le célèbre varan de Komodo, auquel il consacra son mémoire de Diplôme d’études supérieures et qui l’amena également à publier ses fameux Bivouacs à Bornéo. De ses missions à travers le monde, il rapporta des collections qui donnèrent lieu à des travaux de systématique et de biogéographie. Mais il revint surtout avec des notes de terrain originales sur la base desquelles il rédigea divers travaux d’écologie des peuplements et des écosystèmes, ainsi que d’importantes contributions à la biologie d’espèces mal connues (comme les emblématiques bovidés asiatiques que sont le gaur, le banting et le kouprey).

Il fut à l’origine de la création de la réserve nationale du lac de Grand-Lieu (au sud de Nantes). Pierre Pfeffer personnifia la campagne Amnistie pour les éléphants, menée par la SNPN. Pendant des années, il se battit avec acharnement pour obtenir le classement de l’éléphant d’Afrique en annexe I de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Cette campagne rencontra un succès considérable auprès du grand public.

Pierre Pfeffer s’impliqua dans bien d’autres associations naturalistes ou de conservation de la nature : l’Union internationale pour la conservation de la nature dont il fut consultant, le WWF France qu’il présida de 1976 à 1983, la Société française pour la protection des mammifères dont il fut le président, les JNE (Journalistes écrivains pour la nature et l’écologie) dont il était membre.

Pierre Pfeffer eut des responsabilités dans de nombreuses instances officielles. Il fut le secrétaire du comité permanent du Conseil national de protection de la nature. Il présida durant vingt ans le conseil scientifique du Parc national du Mercantour et en fut vice-président du conseil d’administration. Il fut membre des comités Ours et Loups du ministère de l’Ecologie. Son action en Afrique occidentale lui valut de devenir président du Réseau des aires protégées d’Afrique centrale.

Pierre Pfeffer défendit les causes chères à la SNPN en véritable combattant, comme il avait su l’être durant la Seconde Guerre mondiale en s’engageant dans la Résistance alors qu’il n’avait que 16 ans. Avec lui disparaît l’un des derniers mousquetaires de la protection de la nature.

Société nationale de protection de la nature
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75014 Paris
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Site : www.snpn.com