Nouvelle-Zélande - le label de pêche durable MSC torpille définitivement sa crédibilité

Le label MSC (Marine Stewardship Council), qui certifie plus de 10 % des captures mondiales de poisson sauvage et près de la moitié des captures de poissons blancs comme le cabillaud, le merlu ou le colin, vient de prendre une décision fatale à sa crédibilité : il a en effet décidé d’accorder son logo « pêche durable » à l’une des pêcheries les moins durables et les plus destructrices au monde : la pêcherie d’empereurs (Hoplostethus atlanticus), en Nouvelle-Zélande. Cette pêcherie cible des poissons vivant 150 ans, se reproduisant à 30 ans, et capturés jusqu’à 2 000 mètres de profondeur par d’immenses chaluts lestés, dévastant les fonds marins et les espèces vulnérables des grandes profondeurs.

Le processus de certification du MSC fait ainsi fi des études scientifiques prouvant que cette pêcherie se situe à l’extrême opposé du spectre de la durabilité. Plusieurs ONG internationales, dont Bloom, avaient déposé en juin 2016 une procédure d’objection à la certification de la pêcherie d’empereur, portant à la connaissance du juge MSC ces données scientifiques. Par une décision de ce dernier, le MSC a rejeté l’objection des ONG, donnant ainsi le feu vert à la labellisation du symbole même de la pêche destructrice et anti-durable.

Après qu’une pêcherie candidate à la labellisation MSC a été évaluée favorablement de la part du cabinet d’audit en charge de l’évaluation, les parties prenantes disposent de 30 jours pour s’opposer à la certification si les conclusions ne les satisfont pas. L’objection, obligatoirement payante, est extrêmement chère : jusqu’à 7 500 dollars, soit un peu plus de 7 000 euros. La procédure d’objection est arbitrée par un juge dit « indépendant », alors que celui-ci est recruté et rémunéré par le MSC pour officier pour eux pendant trois ans ! Le résultat est sans surprise : environ 95 % des objections aux certifications MSC ont été rejetées. Bloom, la Deep Sea Conservation Coalition (regroupant plus de 70 ONG), Greenpeace, the Environmental Conservation Organization of New Zealand et le WWF ont formulé une objection conjointe.

Une étude scientifique, à laquelle Bloom avait contribué, avait montré en 2013 que, sur 19 objections formelles, seule une avait été retenue par le label MSC. Des statistiques mises à jour en 2015 par des chercheurs affiliés au MSC ont montré que seules deux objections avaient été retenues sur 31 formulées depuis l’apparition du label.

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