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Santé environnementale : pas d’amélioration du côté des nanos…

Les objectifs prioritaires du 3e plan national Santé Environnement (PNSE), adopté pour 2015-2019, donnent un aperçu des facteurs environnementaux contribuant à la dégradation ou à l’amélioration des conditions de santé : qualité de l’environnement sonore (86 % des Français se déclarent gênés par les infrastructures de transport et les bruits de voisinage) ; expositions liées aux contaminations environnementales des sols (notamment dans les crèches et les écoles) ; exposition aux perturbateurs endocriniens ; qualité de l’eau destinée à la consommation humaine ; risques à l’exposition aux ondes électromagnétiques ; risque d’allergie liée aux pollens ; usage des pesticides (notamment dans l’air) ; nature en ville (créer des jardins thérapeutiques dans les établissements de soin)…

Parmi les axes prioritaires figure également la vigilance sur les nanomatériaux. Selon le PNSE, « l’évaluation des risques potentiels est encore très incomplète ». Les nanoparticules ont la propriété de s’infiltrer et de s’accumuler dans les organes (foie, poumons, intestins, cerveau…), voire dans les cellules. L’engagement de les contrôler avait été pris dès le Grenelle de l’Environnement en 2008. Il a fallu attendre janvier 2013 pour que les « substances à l’état nanoparticulaire » fabriquées, importées ou mises sur le marché en France fassent l’objet d’une déclaration obligatoire dans un registre, pour les entreprises dont l’activité implique au minimum 100 grammes d’un nanomatériau. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est chargée du suivi. L’association Avicenn (Association de veille et d’information civique sur les enjeux des nanosciences et des nanotechnologies) note que « le grand public ne peut aujourd’hui identifier les produits dans lesquels des nanomatériaux sont intégrés par les industriels et auxquels ils sont exposés (cosmétiques, aliments, vêtements, appareils électroménagers, équipements de sport, vitres et matériaux de construction, voitures, etc.) ».

Le PNSE vise la généralisation de l’étiquetage. Mais, bien que la mention [nano] à côté de l’ingrédient concerné soit obligatoire pour les cosmétiques depuis 2013 et pour les produits alimentaires depuis 2014, on ne la trouve quasiment nulle part – d’autant que la définition de ce qu’est une nanoparticule n’est pas suffisamment stricte et que les industries ne peuvent généralement pas tracer les produits de leurs sous-traitants.

Même les compléments alimentaires comportent des antiagglomérants, agents d’enrobage, agents de charge, dont il n’est jamais précisé s’ils sont sous forme nano ou pas. D’autres ingrédients, non nano, souvent indiqués « d’origine naturelle » nécessitent en fait des solvants chimiques pour leur fabrication ou peuvent être issus d’OGM. Par exemple, la cellulose microcristalline, la HMPC (hydroxypropylméthylcellulose, E464) des gélules dites « végétales » : ces composants non bio sont autorisés par le règlement bio européen mais ne doivent pas être comptés dans le pourcentage annoncé d’ingrédients bio… Il faudrait donc toujours interroger son fournisseur, exiger une réponse sous peine de boycotter le produit. Il est vraiment dommage que, quelle que soit la qualité des principes actifs, aussi peu d’attention soit portée à celle des excipients, qui constituent parfois une part importante des compléments alimentaires.

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Yveline Nicolas

Coordinatrice d’Adéquations, association de sensibilisation, formation et soutien de projets en matière de développement durable, solidarité internationale, droits humains

infos : www.adequations.org