Le rendez-vous du mois

2016, année la plus chaude ?

S’inscrivant dans la continuité de l’Accord de Paris sur le climat, la COP22 vise à la mise en œuvre concrète de l’objectif adopté en décembre 2015 : contenir la hausse de la température moyenne sur la planète « nettement en dessous de 2 °C » en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels, en « poursuivant des efforts » pour « limiter cette hausse à 1,5 °C ». La COP22 se veut « la Conférence de l’action » avec, comme priorité, l’atténuation du changement climatique et l’innovation en matière d’adaptation. Comme à la COP21 à Paris, un espace « Société civile » est prévu à Marrakech avec différentes thématiques : jeunes, femmes, territoires et développement durable, agriculture, universités et recherche, environnement, migrations.

Mi-septembre, seulement 27 Etats – dont la France – sur 197 avaient ratifié l’Accord de Paris sur le climat. Ce dernier entrera en vigueur une fois ratifié par au moins 55 pays représentant 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). La Chine et les Etats-Unis, à eux deux émetteurs de 40 % des émissions mondiales de GES, ont annoncé leur ratification, assortie d’un mécanisme d’harmonisation de leurs politiques en matière de contrôle des subventions aux énergies fossiles en vue de leur suppression progressive. On attend avec impatience la ratification par l’Union européenne (11 % des émissions), dont les Etats membres n’arrivent pas à se mettre d’accord, notamment du fait que certains comme la Pologne continuent à utiliser le charbon. Les ratifications de l’Inde (qui émet 6 % des GES) et de la Russie (5 % des émissions) sont attendues pour 2017.

Selon le Réseau Action Climat, en matière d’énergies renouvelables « la France reste le mauvais élève de l’Union européenne », alors qu’une étude de l’Ademe a montré « que 900 000 emplois nets seraient créés avec un scénario 100 % renouvelable pour l’électricité en 2050 et que cette option permettrait d’obtenir une baisse de la facture énergétique des ménages ». Un mauvais signe : les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports routiers sont reparties à la hausse depuis l’année dernière après avoir baissé en moyenne de 0,7 % par an depuis 2004. Et, comme toujours, les objectifs restent flous sur l’arrêt de centrales nucléaires, alors que le Gouvernement s’était engagé à diminuer la part du nucléaire à 50 % de la production d’électricité en 2025.

Il devient urgent d’agir : après plusieurs records ces dernières années, 2016 sera probablement l’année la plus chaude depuis le début des relevés des températures mondiales à partir de 1880. En juillet, la température moyenne globale au-dessus des terres et à la surface des océans a été de 16,67 °C, soit 0,87 °C au-dessus de la moyenne du XXsiècle. Publié en août, le rapport annuel de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) sur l’état de la planète documente une hausse des catastrophes naturelles en 2015, une accélération de la montée du niveau des mers et de leur acidification, le recul des glaciers, etc. Le cap d’une hausse de 1 °C des températures mondiales par rapport à l’ère préindustrielle a été franchi en 2015.

L’ambition de limiter la hausse à 1,5 °C implique une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 70 à 85 % d’ici à 2100. C’est l’ensemble du mode de production, de consommation et de commercialisation qui doit évoluer rapidement, notamment dans le domaine agricole et alimentaire.

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Yveline Nicolas

Coordinatrice d’Adéquations, association de sensibilisation, formation et soutien de projets en matière de développement durable, solidarité internationale, droits humains

infos : www.adequations.org